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Le Château - L'église
Auteur(s):
Extrait de l'ouvrage
"HEINRICH SCHICKHARDT
Maître d'oeuvre de la Renaissance
Vie et oeuvre d'un architecte, ingénieur et urbaniste"
Sous la direction de Sönke Lorenz et Wilfried Setzler
En collaboration avec l'Institut für Geschichtliche Landeskunde der Universität Tübingen, Hauptstaatsarchiv Suttgart et Landesbildtelle Baden, Karlruhe.
Le château
En 1543, le comte Georges Ier de Wurtemberg fit reconstruire le château de Horbourg sur l'angle nord-est du castrum romain. En 1324, le comte Ulrich III avait acheté l'ensemble des biens des sires de Horbourg Walther IV et Burckard II qui étaient sans enfant. C'est ainsi que les comtes de Wurtemberg étaient entrés en possession de la seigneurie de Horbourg avec tous les villages qui en dépendaient, de la seigneurie de Riquewihr et du comté de Witkisaue.
Cependant, le duc Frédéric Ier, fils du comte Georges, fit réaménager le château dès 1597 par Heinrich Schickhardt. Celui-ci relate ses travaux dans son carnet de route. Ce témoignage de Schickhardt est une source importante pour l'histoire de Horbourg car il ne concerne pas seulement la transformation du château, mais également l'histoire romaine. En effet, la construction du château puis son réaménagement furent l'occasion des premières fouilles connues à Horbourg.
Schickhardt écrit : "Horbourg est un beau et noble château fort qui a donné son nom à tout le comté ...En 1597 et 1598, son Excellence, le noble Prince et Seigneur Frédéric, duc de Wurtemberg...a fait, de plus, construire deux bâtiments imposants, comportant de nombreuses chambres princières et d'autres logis nécessaires ainsi que cellier, cave, écuries, si bien que ce château n'est pas seulement une forteresse, mais un lieu de séjour tout à fait plaisant et convenable pour un prince. Lorsque j'ai fait creuser les fondations de ces nouveaux édifices, on a exhumé de vieilles pierres de taille qui provenaient sans aucun doute de la ville détruite d'Argentuaria."
La plupart des historiographes modernes s'accordent pour affirmer qu'Argentuaria, la ville devant laquelle l'empereur Gratien réduisit les Alamans à néant en 378, était située sur le territoire de Horbourg, mais aucune fouille n'a encore pu confirmer cette affirmation.
D'après des représentations d'époque le château, entouré de douves, comportait quatre ailes encadrant une cour. La vue de la façade à colombage d'une aile latérale donne une idée de l'impression que pouvait produire la cour intérieure. Le château, consolidé par des tours d'angle, était accessible par une porte fortifiée dominant l'ensemble.
Par ailleurs, des plans et des dessins de parties du château, exécutés par Schickhardt, se trouvent au "Hauptstaatsarchiv" de Stuttgart et nous donnent un aperçu de la disposition des salles et des dépendances. Le château fut démantelé par Turenne en 1675, sur ordre de Louis XIV. Lors de son séjour à Colmar, de 1753 à 1754, Voltaire vit l'imposante ruine et songea à s'y établir, mais la belle propriété était encore un "objet de litige et placée sous séquestre". Voltaire préféra ne pas s'engager dans un procès à l'issue incertaine et partit pour Ferney. Par la suite, les ruines du château servirent de carrière. Aujourd'hui, seule une partie des murs d'enceinte est encore visible en surface.
L'église
Schickhardt fut-il le constructeur de l'église que le duc Frédéric Ier fit édifier "sur les champs" en 1594? De fortes présomptions nous aiguillent vers cette direction. En effet, Schickhardt, qui avait fait son apprentissage auprès de Georges Beer, architecte du duc de Wurtemberg, travailla de façon autonome dès 1590. Dès cette époque, il gagna également l'estime du comte Frédéric qui devint duc de Wurtemberg en 1593. Schickhardt fit plusieurs séjours en Alsace et à Montbéliard avec son seigneur. Cependant, l'Inventaire de Schickhardt ne mentionne pas l'église de Horbourg. Toutefois, cela ne signifie pas forcément que Schickhardt ne fut pas le constructeur de l'église car il omit également d'inscrire d'autres projets de construction dans son Inventaire qu'il ne rédigea que tardivement, de 1630 à 1632.
Cette église, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle église protestante, n'était pas très grande. Le pasteur E.A. Herrenschneider fit remarquer en 1888 qu'elle était "de construction protestante" comportant une salle rectangulaire, une tribune et un coeur, ce dernier étant d'un style différent de celui de la nef. Il est évident que le coeur fut construit après les autres parties de l'édifice.
Le 18 octobre 1685, Louis XIV signa la révocation de l'Edit de Nantes. Le simultanéum, c'est-à-dire l'utilisation de l'église à la fois par les catholiques et les protestants, fut alors introduit. Le choeur, relié à la nef par un arc en plein cintre très large, fut réservé aux catholiques, la nef aux protestants et ceci jusqu'à la construction de l'église catholique en 1897. En 1906, l'église, humide et menaçant de s'effondrer, fut démolie. Un concours d'architectes fut ouvert. Les candidats devaient respecter, entre autres, les quatre conditions suivantes: conserver le clocher, la porte d'entrée, le chambranle des fenêtres et la console de la chaire. En réalité il n'y eut pas conservation mais d'excellentes répliques des éléments précités. C'est ainsi que l'architecte retenu, Karl Winter, "Regierungsbaumeister" (maître d'oeuvre gouvernemental) à Strasbourg, fit construire une tour par laquelle se fait l'entrée de la nouvelle église, au lieu du clocher émergeant du toit du choeur de l'ancienne.
Heinrich Schickhardt exécuta des travaux importants à Horbourg et, bien qu'aucune de ses réalisations ne subsiste dans la commune, il n'est pas un inconnu à Horbourg-Wihr. Schickhardt avait-il entrepris d'autres travaux à Horbourg? Jusqu'à de nouvelles découvertes, nous resterons dans le domaine de la conjecture.